Ingénieur de recherche au CNRS, Xavier Rodier est directeur de la Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire. Spécialiste d’archéologie urbaine et spatiale, il est titulaire d’une HDR sur l’Espace-temps des sociétés du passé, à l’interface entre archéologie, géographie et informatique. Ses travaux portent sur la modélisation de l'information, le déploiement des Systèmes d’Information Géographique et l’informatisation des processus de l’archéologie (Archéomatique), de l’acquisition à la publication. Membre fondateur du réseau Information Spatiale et Archéologie (2001), il a dirigé le GDR Modélisation des dynamiques spatiales (2010-2013) et le Laboratoire Archéologie et Territoires (UMR CITERES 2012-2019). De 2017 à 2022, il a coordonné le consortium Huma-Num Mémoires des archéologues et des sites archéologiques (MASA). Il est impliqué dans des projets sur le patrimoine culturel tel que le Chantier scientifique Notre-Dame et les projets européens ARIADNEplus plateforme numérique pour l’archéologie, l’action COST Saving European Archaeology from the Digital Dark Age (SEADDA), le Centre de compétence pour la conservation du patrimoine culturel 4CH. Il coordonne actuellement le projet European Cloud for Heritage OpEn Science (ECHOES) pour la création de l'European Collaborative Cloud for Cultural Heritage.

En archéologie, l’informatisation des outils et méthodes de l’archéologie est concomitante de leur développement, les archéologues s’étant très tôt intéressés aux potentiels de traitement et de calcul offert par les ordinateurs. La discipline est ainsi marquée par la transformation de ses processus. Comme pour l’informatisation des sciences humaines et sociales (SHS), cela s’inscrit dans ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler les humanités numériques. Le champ que cela recouvre est beaucoup plus large que la vitrine des données accessibles en ligne et correspond à un mouvement de fond qui fait sans conteste progresser la recherche en SHS. Ce tournant numérique donne l’impression d’un bond en avant, ou plutôt de bonds successifs à chaque avancée des sciences informatiques ou au gré des nouveaux outils disponibles. L’informatisation de l’ensemble des processus de la recherche archéologique de la fouille à la publication, qualifiée d‘archéomatique, constitue une transformation, au même titre que les humanités numériques, plus profonde qu’un simple changement d’outil. A l’heure de la Science Ouverte où les données la recherche deviennent accessible à tous, une nouvelle mutation est engagée avec le partage de communs numériques, pensés, dans le champ du patrimoine culturel, comme des vecteurs de production de nouvelles connaissances.