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Comédie des Inoccents

par Marguerite de Navarre (1547)
  • Pré-édition
  • Transcription : Boris Alvarez-Alzate
  • Modernisation et Annotation : Nina Hugot
  • Encodage : Etudiants du Master 2 Littérature et Médiations, Metz, promotion 2024-2025
  • Relecture : Sandrine Berrégard, Nina Hugot et Milène Mallevays

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MARGUERITES
DE LA MARGUERITE
Des princesses,
TresillustreTrès illustre
RoyneReine
De NAVARRE

A Lyon,
Par JEAN DE TOURNES
M.D.XLVII.1547
Avec Privilege pour six ans.
 

Les personnages

Dieu Le Premier Ange Le Deuxième Ange Le Troisième Ange Le Quatrième Ange Joseph Marie Hérode Le Premier Docteur Le Deuxième Docteur Le Capitaine La Première Femme La Deuxième Femme La Troisième Femme Le Premier Tyran Le Deuxième Tyran Le Troisième Tyran Le Quatrième Tyran La Nourrice du Fils d'Hérodes Rachel Les Âmes des Innocents

--- 271 ---
 

DIEU

commence.

Mon œil divin, qui voit l’interieurintérieur,

Devant lequel nul corps exterieurextérieur

Ne peultpeut donner aucun empeschementempêchement,

Regarde en bas jusqu’à l’inferieurinférieur,

5Bien qu’il soit haulthaut comme supérieur,

Mais ma bonté l’abbaisseabaisse doucement :

Or a il veuvu ce que secretementsecrètement

HerodesHérode veultveut faire de mon Enfant ;

Mais ma puissance en dispose autrement,

10Qui le Petit contre le Grand defenddéfend.

En moymoi n’y a nulle mutation,

Rien de charnel, neni point de passion.

De tous les faitzfaits de là -bas je me jouëjoue,

CeluyCelui qui est mon FilzFils d’adoption,

15Se confiant en mon ElectionÉlection,

RemplyRempli d’amour, incessamment me louëloue :

Mais l’infideleinfidèle adorant terre et bouëboue,


--- 272 ---
 

Ne fait sinon penser à me destruiredétruire.

En me moquant d’eux, fais tourner ma rouëroue,

20Et mon soleil sur bons et mauvais luire.

Je voyvois le cœur d’HerodesHérode fort trembler,

Et son conseil contre moymoi assembler ;

Car le retour des RoysRois il a bien sceusu.

Il fait du Dieu, et me veultveut ressembler,

25CuydantCuidant1 pouvoir osterôter ou r’assemblerrassembler

La vie au corps ; mais il en est deceudéçu2.

Les sages RoysRois ont bien mon FilzFils receureçu,

Mais ce tyranttyran par grande cruauté

Le mettre à mort densdans son cœur a conceuconçu,

30Pour conserver sa vaine royauté.

RoysRois de là -bas, escoutezécoutez promptement;

Et vous aussi, qui soubssous moymoi puissamment

Jugez la terre en vostrevotre obeïssanceobeissance :

Or apprenez mon saint enseignement,

35Et me servez craingnantcraignant reveremmentrévéremment3:

ResjouyssezRéjouissez vozvos cœurs par congnoissanceconnaissance,

Et en tremblant voyansvoyant ma grand puissance,

Baisiez mon FilzFils, et luylui faites hommage,

Et vous aurez de m’embrasser licence ;

40Ou autrement ce vous sera dommage :

En le baisant pour Seigneur et pour RoyRoi,

En l’adorant homme et Dieu par la FoyFoi,

SoubsmettantSoumettant cœur et corps à son empire,


--- 273 ---
 

Par luylui pourrez du dur faix de la LoyLoi

45EstreÊtre tireztirés, et jointzjoints avecques moymoi ;

Tant que chacun aura ce qu’il désiredesire.

Mais ce cruel qui tous les jours empire,

De cruauté aura sa recompenserécompense.

Bien loingloin sera son effecteffet de son dire,

50Car moult remaint de ce que le fol pense.

Anges, allez à Joseph mon amyami,

Qui en repos d’esprit est endormyendormi ;

En luylui disant comment, par quel moyen

Je veux sauver de mortel ennemyennemi

55MereMère et Enfant ; qui passeront parmyparmi

Leurs malvueillansmalveillants sysi sagement et bien,

Qu’ilzils n’oseront onc leur demander rien.

Le temps prescrit il leur faultfaut revelerrévéler,

Qu’ilzils demeurr’ont en EgypteÉgypte, et combien :

60Et que de là dois mon FilzFils appellerappeler.

LE PREMIER ANGE.

La cruauté et grande tyrannie

MeriteMérite bien, Seigneur, que tu luylui nyenie

De ta faveur le rayon gracieux.

Sa mauvaistié4 doit estreêtre bien punie,

65Qui veultveut tuer l’Enfant, que tu beniebénie ;

SySi tresparfaittrès parfait que la terre et les cieux,

Pour l’admirer tournent vers luylui les yeux.

RoysRois et Pasteurs en ont fait sysi grandegrand5 compte,


--- 274 ---
 

Et le fier RoyRoi, de tous le vicieux,

70CercheCherche sa mort, son dommage, ou sa honte6.

LE II.IIe ANGE.

Ores sera le desertdésert, perissantpérissant ;

Et sans nul fruit, plaisant et fleurissant ;

Quand ton cher FilzFils y fera son entreeentrée :

Du dur rocher sera ruisseau yssantissant7.,

75Pour estreêtre à luylui du tout obeïssantobéissant :

Et les haultzhauts monts de loingtainelointaine contrée

S’abbaisserontabaisseront ; et la vallée oultréeoutrée

Se haulserahaussera de plaisir pour le voir.

La terre seichesèche y sera acoustreeaccoutrée

80De mille fleurs, pour mieux le recevoir.

LE III.IIIe ANGE.

Dieu ToutpuissantTout puissant, qui de tout peux jouyrjouïr,

HelàsHélas, fais -tu le tien enfant fouyrfouir

Devant un fol, cruel, plein d’ignorance ?

Tu peux le ciel et la terre esiouyréjouir8,

85Et tout soudain en l’abysmeabîme enfouyrenfouir

C’il9 qui ne rend à ton FilzFils reverencerévérence.

Mais il te plaistplaît qu’ainsi son innocence

Souffre pour tous les pecheurpécheurs et nocents10

Pour conforter ceux qui par la souffrance

90De l’ignorant souffriront innocents.

LE IIII.IVe ANGE.

DedensDedans ce desertdésert tout destruitdétruit


--- 275 ---
 

J’abbaisserayabaisserai la haultehaute branche,

Pour donner à11 l’Enfant du fruit

D’une volonté pure et franche.

MARIE.

95PerePère du FilzFils dont suis l’humble servante,

Fille de toytoi qui me rendzrends tressçavantetrès savante,

Qu’en toytoi y a Nom de paternité :

Tu m’as fait MereMère, et telle je me vante,

Que tousjourstoujours suis ta volonté suyvantesuivante.

100Par pure gracegrâce, en moymoi humanité

Ton FilzFils a prinspris, par ta benignitébénignité ;

Un corps semblable à la chair de pechépéché,

Pour en ce corps tuer la vanité

D’Adam par qui le monde estoitétait taché.

105L’homme, qu’est -ce, que tu as eu memoiremémoire

Ainsi de luylui, qui d’obscurité noire

L’as en lumierelumière et clarté retiré ?

Visité l’as, le faisant en toytoi croire,

Puis couronné et d’honneur et de gloire,

110En luylui donnant ce qu’il a desirédésiré.

C’est toytoi son Tout ; qui à toytoi l’as tiretiré,

Le faisant Dieu, et enfant du treshaulttrès haut,

Apres l’avoir jusqu’au bout martyré12 ;

En confessant que de soysoi rien ne vaultvaut,

115RememorantRemémorant tes gracesgrâces et tes dons,

Ta charité baillant13 à tous pardons,


--- 276 ---
 

Ta patience, et longanimité ;

Je crie en cœur, à tes œuvres rendons

GracesGrâces à D I E U, et cœurs et mains tendons

120Vers le seul Bien, qui n’est point limité.

RecongnoissonsReconnaissons cestecette sublimité,

Qu’amour a peupu envers nous appaiserapaiser,

Voire et unir à nostrenotre infirmité

Divinité, par amoureux baiser ;

125En te louant je passe jours et nuictznuits,

En te voyant homme et Dieu, tous ennuysennuis

Sont convertizconvertis en souveraine joyejoie,

Quand chacun dort, plus esveilléeéveillée suis,

Pour contempler le bien que je poursuyspoursuis,

130Que je possedepossède, et perdre ne pourroyepourroie14.

Mais en passant cestecette mortelle voyevoie,

Je poursuyvraypoursuivrai d’esprit par grand desirdésir,

Qu’ainsi que moymoi par FoyFoi chacun te voyevoie,

Et qu’en tous soit parfait ton bon plaisir.

LE PREMIER ANGE.

135O Joseph, perepère putatif,

LeveLève -toytoi, sans estreêtre craintif,

Et prensprends l’Enfant,

Sa Mère aussi, comme ententif :

Car Dieu, d’HerodesHérode le chetifchétif

140Bien le defenddéfend.

Or partspars donques15 secretementsecrètement,


--- 277 ---
 

Et t’en fuysfuis bien hastivementhâtivement

Droit en EgypteÉgypte.

Sois -y jusqu’au temps nommément,

145Que le te diraydirai justement.

Or partspars donc vistevite :

Car il adviendra que le RoyRoi

L’Enfant querra16 de plein effroyeffroi

De tous costezcôtés,

150Pour le mettre à mort ; mais croycrois -moymoi,

Il n’aura pouvoir sur ta FoyFoi :

Point n’en doutez.

JOSEPH.

O bonté, qui accourtsaccours

Au secours

155Des tiens, je te loue et mercie ;

Des dangers nous rescours secours-nous17:

Dont le cours

Prendrons ; car la nuictnuit est noircie.

 

M’ amyeamie, il faultfaut partir,

160Sans mentir :

Car l’Ange ainsi que je dormoye18,

M’est venu advertiravertir ;

Dont sentir

M’a fait peur, et après grand’joyejoie.

 

165HerodesHérodeveultveut avoir

Par povoirpouvoir


--- 278 ---
 

VostreVotre enfant, pour le mettre à mort.

Il ne le pourra pas voir ;

Car pourvoir

170Y veultveut Dieu, qui est le plus fort.

MARIE.

AmyAmi sans attendre à demain,

Tous deux nous faultfaut mettre la main

Pour emporter nostrenotre bagage ;

Et l’Enfant tant doux et humain,

175Le sauvant du RoyRoi inhumain

PorterayPorterai ; c’est mon heritagehéritage .

Dieu est ma force et mon courage,

ParquoyPar quoi en luylui me sentssens sysi forte,

Que sans travail19 en ce voyage

180PorterayPorterai celuycelui qui me porte.

JOSEPH.

Allons sans faire nul sejourséjour ;

À finAfin qu’avant le poinctpoint du jour

Soyons hors de ce territoire.

MARIE.

Dieu, vivant en nous par amour,

185Fait à son Enfant un tel tour,

Qu’à jamais en sera memoiremémoire :

À luylui tout seul en soit la gloire,

Qui l’Enfant delivredélivre des mains

Du danger, qui sera notoire,


--- 279 ---
 

190Du plus cruel des inhumains.

JOSEPH.

SaillizSaillis20 sommes dehors des termes

D’HerodeHérode, en santé, non enfermes21,

Dont louer devons Dieu de tout.

Si aux yeux avons eu les larmes,

195NozNos cœurs n’en ont estéété moins fermes :

Car quand d’un bout à l’autre bout

Tourment nous grevegrève nous accable,22 et presse moult,

Là se monstremontre de Dieu la gracegrâce,

Ou nostrenotre ameâme prend sysi bon goustgoût,

200Qu’elle ne se plaint d’estreêtre lasse.

MARIE.

Ce lieu est desertdésert et sauvage,

Sans bledsblés, sans vignes, sans fruitage,

Mais nous possedonspossédons le vrayvrai pain,

Qui nous donne force et courage ;

205La vigne aussi, dont le beuvragebreuvage

Est à tous FidelesFidèles bien sain :

Le fruit de vie, qui la faim

OsteÔte du corps en saoulant l’ameâme

DormansDormant sans crainte soubzsous la main

210De cil23 que PerePère je reclameréclame.

HERODESHÉRODE.

Voyez ces trois meschantsméchants menteurs,

Inventeurs


--- 280 ---
 

D’un Christ forgé dedensdedans leurs testestêtes !

OÔ vous mes loyaux serviteurs,

215Amateurs

Des vertus grandes et honnesteshonnêtes,

Maintenant me faultfaut secourir,

Ou mourir

De courroux, de despitdépit, et d’ire24

220Si l’Enfant je ne fais perirpérir,

LàsLas guarirguérir

Nul ne sçauroitsaurait mon grand martyre.

Ces RoysRois me sont bien eschappezéchappés,

Qu’attrappezattrapés

225Je ne les ayai à leur retour.

De male mort soyentsoient ilzils happezhappés

Et frappezfrappés,

Pour les punir du meschantméchant tour.

Mais de ce Christ, qu’en ferons - nous ?

230Dites tous

Franchement ce qui vous en semble ;

Prendre vueilveux le conseil de vous,

AmysAmis doux,

Tandis que nous sommes ensemble.

LE PREMIER DOCTEUR.

235Sire, il faultfaut sa mort machiner,

Et delibererdélibérer finement ;

Apres sans cesse ne finer25,


--- 281 ---
 

De la poursuyvrepoursuivre promptement,

ParquoyPar quoi,quant à mon jugement,

240Mandez vostrevotre grand Capitaine,

Et luylui commandez vivement ;

Ce luylui sera plaisir, non peine.

LE II.IIe DOCTEUR.

VeuVu le temps qu’apparut l’estoilleétoile,

À finAfin que vous ne faillezfailliez point,

245Tous les enfansenfants de la mamelle,

Qui ont le deuxiemedeuxième an joint,

Et au dessoubzdessous, voilà le poinctpoint,

Il les faultfaut trestous26 mettre à mort :

Le haulthaut Dieu pouvoir vous en doint27,

250Pour estreêtre vengé d’un tel tort.

LE PREMIER. DOCTEUR.

En BethleemBethléem nyni à l’entour

Ne faultfaut laisser enfant vivant,

N’espargnezépargnez neni ville neni tour,

Mettez à tous la vie au vent.

255Mais que l’on cerchecherche bien avant,

MasleMâle n’en eschapperaéchappera vif28 :

VostreVotre Capitaine est sçavantsavant,

Et y sera bien ententif29.

LE II.IIe DOCTEUR.

C’est un homme qui n’haa regard

260À nul, fors à vous obeïrobéir 30 ;


--- 282 ---
 

Il ne craint danger neni hasard

Pour vous, dont il se fait haïr.

ParquoyPar quoi n’ayez peur que fouyrfouir 31

Puisse nul enfant de ses yeux ;

265Pour vostrevotre cœur bien resiouyrréjouir,

Possible n’est de choisir mieux.

HERODESHÉRODE.

J’ayai un faix32 sur ma conscience,

Lequel je ne peux plus celer33,

Et en vous sysi grand’confiance,

270Que je le vous veux revelerrévéler.

LàsLas, à peine en peux -je parler ;

Car le despitdépit qui mon cœur crevecrève

Ne peultpeut hors de mes dents aller,

Qui me rend la parole brevebrève.

275En BethleemBethléem, il est preditprédit,

Qu’un FilzFils est né de tel creditcrédit,

Que sur les JuifzJuifs regnerarègnera ;

Dont pour faire un tresjustetrès juste edictédit,

J’ordonne que l’Enfant maudit

280Soit tué, qui le trouvera.

Et celuycelui bien esprouveraéprouvera

Ma grande liberalitélibéralité,

Qui un seul n’en espargneraépargnera

Par extremeextrêmecrudelitécrudélité34.

285Sans regarder à povrepauvre ou riche,


--- 283 ---
 

NyNi à maison petite ou grande ;

TrenchezTranchez tout ainsi qu’une miche

À gransgrands morceaux, je le commande.

Il ne faultfaut point que l’on demande

290Dont me vient cestecette cruauté ;

Car un RoyRoi doit payer l’amende,

Qui pour rien perd sa Royauté.

LE CAPITAINE.

De t’obeïrobéir j’ayai telle envie,

Conservant ton autorité,

295Que de tout maslemâle aurayaurai la vie,

Pour te donner prosperitéprospérité.

Mon cœur est sysi très irrité,

Contre celuycelui qui est venu,

Qu’il mourra, c’est la veritévérité,

300Quand de mes mains sera tenu.

Nous ferons tant de pas et tours

MoyMoi et mes gents, en diligence,

Que BethleemBethléem et ses entours35.

Auront des maslesmâles indigence36.

305Bailleur37. ne serayserai d’indulgence ;

Car de deux ans tiranstirant en bas,

A nul n’aurayaurai intelligence,

Mais tueraytuerai tout, pour mes esbatsébats.

HERODESHÉRODE.

Or allez donc ; et force gents


--- 284 ---
 

310Assemblez, pour le cas parfaire.

Et qu’ilzilssoyentsoient tous diligents

Sans pitié, sans craindre à mal faire.

À vous seul je remets l’affaire,

Qui plus au fondsfond du cœur me touche ;

315Dont la douleur qui me fait taire,

Par grand despitdépit ferme ma bouche.

LE CAPITAINE.

Sire, j’entensentends bien ton vouloir,

Auquel le mien du tout s’accorde ;

Puis que j’ayai de toytoi le pouvoir,

320Nully38. n’aura misericordemiséricorde.

Car quand en mon cœur je recorde39.,

Qu’un autre que toytoi veultveut regnerrégner,

De mort cruelle, et sale et orde40.

J’ayai grand desirdésir de l’estrenerétrenner.

HERODESHÉRODE.

325Gardez -vous bien d’estreêtre gaignezgagnés

D’argent, de crainte, ou de pitié.

LE CAPITAINE.

De leur sang nous serons baignezbaignés

En les couppantcoupant par la moitié ;

Crainte n’aurons, neni amitié

330A nul, et rien n’espargneronsépargnerons.

Si le Christ est bien chastiéchâtié

Par nous, assez nous gaingneronsgagnerons.


--- 285 ---
 

LA PREMIERE FEMME.

Est -il plaisir à l’arbre que de voir

La cause et fin de sa creationcréation ?

335Et à la femme est -il en son pouvoir

De n’aymeraimer bien sa generationgénération41 ?

C’est son beau fruit, sa consolation,

Pour qui tous fruitzfruits et animaux sont faitzfaits.

OÔ mon enfant, cestecette dilection42.

340Joyeusement me fait porter tous faix43.

LA II.IIe FEMME.

Il n’est ennuyennui que la femme n’oublie,

Quand elle voit que le haulthaut CreateurCréateur

De tel honneur l’a ainsi anoblie,

Que l’ouvrouerouvrier elle est du grand facteur44 ;

345DedensDedans lequel luylui de tout bien aucteurauteur

Forme l’enfant à sa similitude.

Seigneur, soyez de luylui conservateur,

Car de bon cœur j’en prensprends solicitudesollicitude.

LA III.IIIe FEMME.

Je dois aymeraimer, et ne m’en puis garder,

350L’os de mes os, et la chair de ma chair ;

En le voyant, je me peux regarder ;

Son perepère aussi, c’est un thresortrésor bien cher.

Qui te voudroitvoudrait, enfant, par mal toucher,

J’aymeroisaimerais mieux la douleur endurer ;

355De te servir je ne me peux fascherfâcher,


--- 286 ---
 

Mais mon travail je veux faire durer.

LA NOURRICE du filzfils d’HerodesHérode.

Ce m’est honneur remplyrempli de grand plaisir,

De te nourrir, Royale genituregéniture ;

Dont en mon cœur ne sentssens autre desirdésir,

360Que d’en pouvoir faire la nourriture

Au gré du RoyRoi. OÔ belle creaturecréature,

Tu me plais tant, que s’il failloitfallait ma vie

Mettre en hasard, pour te donner pasturepâture45,

Je le feroisferais ; car amour m’y convie.

LE CAPITAINE.

365VoicyVoici le lieu, le territoire,

Ou faultfaut faire executionexécution.

EnfansEnfants, ayez bien en memoiremémoire

De jetterjeter hors compassion ;

Sans avoir nulle affection

370À perepère, à meremère, nyni enfant ;

En telle persecutionpersécution

Le RoyRoi la pitié vous defendéfend.

Tout ce que demandons, est là,

Voyez tous ces enfansenfants ensemble ;

375Frappez et tuez tout cela,

Que le cœur icyici ne vous tremble ;

Gardez que nulle son filzfils ne emble46,

Tuez tous ceux qui ont deux ans,

Et au -dessoubzdessous.


--- 287 ---
 

LE PREMIER TYRANTTYRAN.

Puis quPuisqu’il vous semble,

380Qu’il est bon, nous donnerons dedensdedans.

Ça cestcet enfant, qu’il est gentil ;

Il prend l’enfant.

Baillez47. -le moymoi bien tosttôt, m’amyeamie.

LA PREMIERE FEMME.

LàsLas, monseigneur, que vous plaistplaît -il ?

De grand’peur la chair me fremiefrémie,

385Vous le tuez ! OÔ infamie !

OÔ cruauté qui n’haa semblable,

Rendre ainsi la vie endormie

De l’Innocent, qui n’est coulpablecoupable !

OÔ le fruit de l’arbre,

390Tu es comme marbre

Dur, froid, et transytransi ;

Avant qu’estreêtremeurmûr

Le glaive trop dur

L’homme sans mercymerci

395CueillyCueilli t’a icyici !

LE II.IIe TYRANTTYRAN.

Baillez48. cestcet enfant vistementvitement,

M’amyeamie, car j’en ayai affaire.

LA II.IIe FEMME.

Plus tostPlutôt je me lairraylaiss’rai vraymentvraiment,

Que mon enfant, par vous deffairedéfaire49.


--- 288 ---
 

LE III.IIIe TYRANTTYRAN.

400Osez - vous bien au RoyRoi desplairedéplaire ?

C’est trop grandégrande desloyautédéloyauté.

LA II.IIe FEMME.

Tuez -moymoi donques pour parfaire

Sa trop cruelle cruauté.

HelàsHélàs, par force il le m’arrache

405Pour le tuer devant mes yeux !

MeschantMéchant, cruel, infameinfâme et laschelâche

Serviteur du RoyRoi vicieux ;

J’esleveélève cœur et voix aux cieux ;

Et en demande la vengeance

410Au grand Dieu sur tous autres Dieux,

Pour m’en venger en diligence.

HelàsHélàs mon enfant,

Tout le cœur me fend

De te tenir mort.

415L’image de vie

Est de toytoi ravie,

Par cruel effort ;

LàsLas,HerodeHérode haa tort.

LE III.IIIe TYRANTTYRAN.

Baillez50 cestcet enfant ; que de peine !

420La fuytefuite ne vous sert de rien.

LA III.IIIe FEMME.

Ta volonté trop inhumaine


--- 289 ---
 

Si je peux n’aura pas le mien.

LàsLas, il le prend ! OÔ cruel chien,

Il le prend.

Qui de sang humain as envie !

425LàsLas, il met à mort tout mon bien :

À peu presprès que je ne desvie51.

HelàsHélàs, il me jette

CeluyCelui que regrette

Mort, entre mes mains.

430LàsLas, le cœur me faultfaut !

O Dieu de là - haulthaut,

À ces inhumains

N’en faites pas mains.52

LE IIII.IVe TYRANTTYRAN.

CestCet enfant est fort bien en ordre,

435Mais sysi le me faultfaut -il avoir.

LA NOURRICE du FilzFils d’HerodesHérode.

Allez, vous n’y avez que mordre,

Pas n’estesêtes digne de le voir ;

Car je vous fais bien à sçavoirsavoir,

Qu’il est filzfils du royroi trespuissanttrès puissant.

LE IIII.IVe TYRANTTYRAN.

440Aussi pour faire mon devoir,

Au royroi veux estreêtre obeïssantobéissant.

LA NOURRICE.

LàsLas, sussur luylui vous tirez l’espéeépée,

Sans craindre le royroi ! quelle audace !


--- 290 ---
 

LE IIII.IVe TYRANTTYRAN.

Il aura la gorge coupée,

445Le royroi le veultveut, en cestecette place.

LA NOURRICE.

Venez, tosttôt à l’aide à moymoi lasse ;

Venez cestcet enfant secourir :

LàsLas, son corps l’espéeépée oultrepasseoutrepasse53.

LE IIII.IVe TYRANTTYRAN.

C’est le royroi qui le fait mourir.

LA NOURRICE.

450Le royroi fait son enfant tuer !

OÔ cruel PerePère, ô cas nouveau !

Qui en lieu de s’esvertuerÉVERTUEUR

De sauver son filzfils sain et beau,

Du tetintétin le met au tombeau54.

455Son porc, non son filzfils, vaultvaut mieux estreêtre.

Le Juif ne tue nul pourceau,

Mais son filzfils ; qui ne fait que naistrenaître,

OÔ royroi plein de vice,

MoyMoi povrepauvre nourrice

460Fais icyici le dueildeuil,

Que tu devroisdevrais faire ;

Non ainsi defairedéfaire,

Et mettre au cercueil

Le bien de ton œil.

465Mais si ne puis - je encore croire,


--- 291 ---
 

Que le royroi un tel cas entende ;

Il n’y a neni proufitprofit nyni gloire :

Plus avant faultfaut que j’en demande.

Tel en pourra payer l’amende,

470Qui est cause de ma douleur.

LE CAPITAINE

arrivant devant HerodesHérode.

Le Dieu plein de puissance grande

Augmente au royroi vie et honneur.

Nous venons de persecuterpersécuter

Le païspays, du Christ la naissance,

475Et ton vouloir exectuerexécuter ;

Sans avoir de nul congnoissanceconnaissance.

Chacun craint ta grande puissance ;

Car il n’est demeuré un seul

Enfant soubssous ton obeïsanceobéissance,

480Qui ne soit mort densdans son linceul.

HERODESHERODE.

N’en avez - vous un seul sauvé,

Qui me puisse mener la guerre ?

LE CAPITAINE.

Si un seul enfant est trouvé,

Qui ne soit par mort mis en terre,

485Faites - nous en prison grand’erre55

Mener, et mourir pour l’amende ;

Ou Dieu nous tue d’un tonnerre.


--- 292 ---
 

HERODESHÉRODE.

VoilaVoilà le bien que je demande.

LE CAPITAINE.

Depuis deux ans et au - dessoubzdessous,

490En BethleemBethléem nyni à l’entour

MasleMâle n’y a ; nous sommes saoulzsaouls

De frapper. Qui eusteût veuvu les tours

De nous, et des femmes autour,

Il eusteûtveuvu cruelle bataille :

495Chacune faisoitfaisait son destourdétour,

Mais n’y ont fait chose qui vaille.

HERODESHÉRODE.

Vous me rendez le cœur content,

Et le corps tout remplyrempli de joyejoie.

LE PREMIER TYRANTTYRAN.

Jamais nul RoyRoi n’en feitfit autant,

500Sire, que vous.

HERODESHÉRODE.

VienViens ça, que je oyeoie 56

Comment.

LE II.IIe. TYRANTTYRAN.

Vous verriez par la voyevoie

Le sang courir de tous costezcôtés.

HERODESHÉRODE.

Ho, voilà plaisante montjoyemontjoie,

MonstrantMontrant les ennemysennemis domtezdomptés !


--- 293 ---
 

505Mais quoyquoi ? qu’ont dit ces meresmères folesfolles ?

S’en allant, puis revient.

LE III.IIIe. TYRANTTYRAN.

Les unes ont voulu fouyr57,

Les autres à force paroles

Nous ont fait injures ouyrouïr ;

À peine en avons peupu jouyrjouïr

510Fors à58 gransgrands coups, sur bras, sur testestêtes.

HERODESHÉRODE.

Voilà qui me fait resiouyrréjouir,

Vray’mentVraiment bons serviteurs vous estesêtes.

LE IIII.IVe. TYRANTTYRAN.

Jamais n’ ouystesouïtes 59 de telztels cryscris

TelzTels plaingtzplaints 60 et lamentations.

HERODESHÉRODE.

515En vous escoutantécoutant, je m’en rysris,

Ce me sont consolations.

LE IIII.IVe. TYRANTTYRAN.

Injures, maledictionsmalédictions,

Coups de poing, morsure de dents

Avons eu de leurs passions,

520Dont portons signes evidensévidents.

HERODESHÉRODE.

Vous avez sysi bien besongnébesogné 61,

Que d’avoir mieux je ne souhaite.

LE CAPITAINE.

Ha, il y a bien eu hongné62


--- 294 ---
 

Avant venir à la retraite.

LE IIII.IVe. TYRANTTYRAN.

525Sire, une femme fort aigrette,

Dit qu’à vous elle s’en plaindra ;

Mais vostrevotre volonté j’ayai faite.

HERODESHÉRODE.

Jamais nul mal ne t’en prendra.

IlzIls ont fait ce qui est possible

530Pour mettre mon cœur en repous63 :

Si le Christ n’est bien invisible,

Il sera mort dessoubsdessous leurs coups ;

Dont en paix regnerayrègnerai sur tous,

Sans craindre qu’on me facefasse tort.

535Ho, que ce sçavoirsavoir -là m’est doux,

Que Christ soit mis du tout à mort !

Car son regnerègne est au mien contraire,

Et de mon thronetrône me deposedépose.

Car par ceparce que j’ayai peupu retraire64.

540Des prophetesprophètes et texte et glose,

Ce C’eusteût estéété de luylui bien grand chose,

Et de moymoi riensrien : mais j’ayai pourveupourvu65,

Que son corps en la mort repose ;

Le mien vivant de tous est veuvu.

545Je regnerayrégnerai puis qupuisqu’il ne regnerègne,


--- 295 ---
 

Et ferayferai ce qu’il me plaira.

OÔ qu’il sera heureux mon regnerègne !

Car un chacun me complaira,

Et biens et forces desploiradéploi’ra,

550Pour acqueriracquérir mon amitié.

Ha, chacun pour moymoi s’emploiraemploi’ra,

Puis quePuisque j’ayai le Christ chastiéchâtié.

Je laisse à Dieu, de tous ses cieux

La police et gouvernement ;

555J’en quitte ma part ; aymantaimant mieux

RegnerRégner en terre puissamment.

Vivre veux plus joyeusement,

Que je n’ayai fait au temps jadis ;

En terre est mon contentement,

560Garde bien Dieu son paradis.

LA NOURRICE.

HelàsHélas, Sire, Sire, voyez

Ce qu’a fait vostrevotre Capitaine

Avec ses gens desvoyezdévoyés

Contre vous ; Majesté hautaine,

565 VostreVotre puissance souveraine

Punisse ce crime execrableexécrable

Par une intolérableintolerable peine :

Vengez vostrevotre filzfils tant aymableaimable.

HERODESHÉRODE.

OÔ vilain desirdésir de vengeance,

570Et de regnerrégner l’ambition !

OÔ trop hastivehâtive diligence,


--- 296 ---
 

OÔ impiteuse occasion !

OÔ mon filzfils, ma dilection,

Pour conserver ton heritagehéritage,

575Je t’ayai mis à perdition ;

Et pour proufitprofit, t’ayai fait dommage !

Je perdzperds l’heritierhéritier,

Dont j’avoisavais mestiermétier66.,

Plus que de la terre.

580Pour deffairedéfaire Christ,

J’ayai mon filzfils prescriptprescrit

ParmyParmi cestecette guerre.

AcquerantAcquérant pour luylui

RepozRepos et appuyappui,

585Le Christ je cerchoischerchois67 :

Mais le puissant Dieu

Mon filzfils prend en lieu ;

Pas n’ayai eu le choix.

OÔ malheureux PerePère !

590Je suis qui opereopère

Contre mon vouloir.

Car pour tuer un,

J’ayai fait tout commun ;

Dont me faultfaut douloir68..

595Mais, au fort, j’ayai fait

Un sysi tresbeautrès beau faictfait,

Qu’il faultfaut en gré prendre.


--- 297 ---
 

CesteCette propre perte

C’est pour ma desserte,

600L’on le peultpeut entendre.

J’ayai un filzfils perdu,

Aussi j’ayai rendu

Mort mon ennemyennemi.

Je l’aymeaime mieux mort,

605Que voir vif et fort

Mon filzfils et amyami.

De mon Capitaine,

C’est chose certaine

Qu’il m’a obeyobéi ;

610Dont est advouéavoué

AyméAimé et loué

De moymoi non hayhaï.

MetzMets en sepulturesépulture

CesteCette creaturecréature,

615Et l’osteôte d’icyici.

LA NOURRICE.

O dure nature !

O nature dure !

HelàsHélàs, qu’est cecyceci ?

Enfant, je t’emporte

620De dueildeuil demydemi -morte,

Hors des yeux du RoyRoi ;

Qui du tout s’accorde


--- 298 ---
 

À cestecette mort orde69 !

OÔ quel desarroydésarroi !

625En la terre mettre

Te voisvais, là faultfaut estreêtre

Et tous demeurer.

Et ferayferai l’office

De vrayevraie nourrice,

630C’est de bien pleurer.

HERODESHÉRODE.

Je sçaysais tresbientrès bien que j’ayai mon FilzFils perdu ;

Mais en voyant aussi que j'ayai rendu

Mon regnerègne seursûr sans souspeçon70 neni crainte,

Mon eunemyennemi mort à terre estenduétendu,

635Confesser doydois, le tout bien entendu,

Que resjouyrréjouir tresforttrès fort me doydois sans feinte :

Il faultfaut mourir par amour ou par crainte ;

Mais vivre povrepauvre, et chassé de son bien,

C’est pis que mort d’endurer telle estreinteétreinte ;

640J’aymeroisaimerais mieux mourir, que n’avoir rien.

Or suis -je sain, mon Royaume est paisible ;

Ce qui me plaistplaît je le tiens pour loisible :

Nully71 mon bien ne demande ou querelle ;

J’ayai Christ rendu à ce monde invisible :

645Il ne m’estoitétait en rien bon neni duysibleduisible72,

Sa mort m’est bien plus proufitableprofitable et belle.

Les ProphetesProphètes n’ont eu puissance telle


--- 299 ---
 

Que leur Christ soit peupu venir en avant,

Dont content suis en la vie73 mortelle,

650 Puis quPuisqu’en vivant j’

ayai mysmis sa vie au vent.

RACHEL.

HelàsHélàs, helàshélàs, helàshélàs, helàshélàs,

Qui confortera ce cœur las,

Ce corps affoiblyaffaibli de douleur,

655C’est esprit privé de soulas74,

Tous ses cinq sens liezliés au lazlacs75

InevitableInévitable de malheur ?

Vous qui me voyez sans couleur,

Et demandez l’occasion76,

660 LàsLas, mes enfansenfants pleins de valeur

Sont perizpéris par occision77.

Qui donradonn’ra à mon chef des larmes

Pour pleurer ces cruelzcruels alarmes,

Dont mes yeux seront les ruisseaux ?

665Qui m’apprendra suffisanssuffisants termes

Pour regretter non les enfermes78,

Mais les morts tant plaisansplaisants et beaux ?

Vous qui cas piteux et nouveaux

Pleurez, venez moymoi secourir,

670Et voyez que ces desloyauxdéloyaux

Tous mes enfansenfants ont fait mourir.

Ma voix bien haulthaut je fais ouyrouïr79

En Rama ; non pour resjouyrréjouir


--- 300 ---
 

Les auditeurs par mes doux chants,

675Mais par cryscris,voyant enfouyrenfouir

Ceux qui n’ont peupunenisceusufouyrfouir80

La mort par les glaives trenchanstranchants.

Je pleure par villes et champs,

Je hullehurle, je plaingsplains plains et soupire,

680Dont le meschantméchantRoyRoi des meschansméchants

A mysmis mes enfansenfants au martyre.

Je suis Rachel triste et marryemarrie,

Qui pleure en la triste patrie,

Qui de mes enfansenfantsfeutfut partage.

685Pleurez, Joseph, je vous en prie ;

Et que Benjamin cousin crie

Ses enfansenfants mortzmorts par grand outrage.

OÔ BethleemBethléem, doux heritagehéritage,

Tu leur estoisétais maison de pain,

690Et nourrissoisnourissais ce beau lignage :

LàsLas,ilzils n’y sont pas mortzmorts de faim.

Point consoler je ne me veux,

Quand tous mes enfansenfants et neveux

Je ne voyvois plus, car plus ne sont.

695Si par sacrifice ou par vœuzvœux

PovoisPouvais l’esprit en leurs corps nœufzneufs81

R’appellerRappeler du lieu tresprofondtrès profond,

J’en feroisferais prou : car mon cœur fond

De douleur, voyant que remederemède


--- 301 ---
 

700N’y a ; mes jours à eux s’en vont,

ParquoyPar quoi je ne veux nulle aïde82.

MortzMorts sont mes enfansenfants innocents,

Dont pis que mort au cœur je sentssens:

Mais,helàshélàs, ce n’est pas pour eux

705Qu’ilzils sont ainsi de vie absensabsents;

ToutesfoisToutefois pour eux m’y consens :

Car je scaysais bien qu’ilzils sont heureux

D’estreêtre plustostplutôt mortzmorts, que paoureuxpeureux

De mourir, pour sauver l’Enfant

710Pour lequel un cœur amoureux

Mourant, va vivre triomphant.

Leur robberobe ont laissée,

Rompue et blessée

Par sanglante mort.

715Leurs meresmères pleurantes

CeàÇà et là courantes

Ont crié bien fort.

Le mourant crioitcriait,

Sa meremèrepleuroitpleurait,

720L’arrosant de pleurs ;

L’arbre regrettoitregrettait

Du fruit qui portoitportait

Les plaisantes fleurs.

HerodesHérodecuydoitcuidait83

725Comme il pretendoitprétendait


--- 302 ---
 

Mettre Christ à rien.

C’est bien au contraire,

De ses mains retraire84

Dieu l’a sceusu fort bien.

730Cruels, qui pensez

Faisant maux assez

Effacer son Nom ;

Plus vous l’abbaissezabaissez,

Et plus le haulsezhaussez

735D’eterneléternel;

Le persecutantpersécutant

Et executantexécutant

L’edictédit de sa mort,

Vous le faites vivre.

740Aux cœurs qu’il delivredélivre

De tout desconfortdéconfort

Christ tousiourstoujours demeure.

Mais quand la bonne heure

Viendra de mourir,

745La mort il prendra,

Que morte rendra,

Pour nous secourir.

Par Christ mort, vivront

Tous ceux qui croiront

750En luylui fermement.

C’est, qu’il est leur vie,


--- 303 ---
 

DesirDésir et envie,

EstreÊtre, et mouvement.

Et par cestecetteFoyFoi

755L’ameâme sort de soysoi,

Pour à luylui courir.

En luylui la transforme,

Et sa vieille forme

Fait du tout perirpérir.

760La mort luylui est gloire

Quand elle peultpeut croire

Qu’elle vit mourant.

Elle se conforte

D’estreêtre en Adam morte,

765À Dieu va courant :

Car elle court vistevite

Quand hors du vieux gistegîte

D’Adam est tirée.

ParquoyPar quoi veultveut choisir

770Pour son vrayvrai plaisir

D’estreêtre martyrée85 :

Et de son martyre

Tel plaisir attire,

Que mieux ne demande :

775Elle fait de Dieu

Par tout, en tout lieu,

Tout ce qu’il commande.


--- 304 ---
 

L’AmeÂme en Adam morte,

En Dieu vive et forte,

780AcomplitAccomplit la LoyLoi.

À quoyquoi la vivante

Se treuvetrouve impuissante ;

Car rien n’haa en soysoi

Qu’un CuyderCuider86 menteur ;

785Qui est inventeur

De toute folie.

Et quoyquoi qu’elle voyevoie

Convertit sa joyejoie

En melancholiemélancolie.

790AmesÂmes biens heureusesbienheureuses,

Toutes amoureuses

Du parfait EspouxÉpoux,

Toutes espoufezl'épousez

En luyluirepousezreposez

795D’un dormir bien doux ;

Ce qui est de terre,

À terre est par guerre.

Ce qui de Dieu est

à son Dieu retourne,

800Ou sans fin sejourneséjourne ;

Son propre lieu c’est.

L’esprit qui attend

Tel lieu, n’est content


--- 305 ---
 

Qu’il ne soit venu.

805Les bieusbiens et le monde

Comme chose immundeimmonde

Est de luylui tenu.

Mes enfansenfants y sont,

Qui recouvert ont

810Par la charité

De Dieu leur defencedéfense,

Ce que leur enfance

N’avoitavait meritémérité

Mais ilzils sont EsluzÉlus

815Pour estreêtre au ciel veuzvus

Martyrs du Petit,

TesmoingTémoin du vrayvrai OingtOint :

Bien qu’ilzils n’eussent point

Crainte ou appetitappétit.

820C’est par pure gracegrâce,

Qu’ilzils tiennent la place

AupresAuprès de l’Agneau.

Par tout ilzils le suyventsuivent,

En sa mort ilzils vivent :

825Par cas bien nouveau

IlzIls sont revestusrevêtus

De toutes vertus,

Et blanches estollesétoles.

Dieu par mort confessent,


--- 306 ---
 

830Et jamais ne cessent,

Non point par paroles.

Dieu en eux se louëloue,

Et par eux se jouëjoue

Dieu cruel tyranttyran ;

835Qui les met en haulthaut

Où rien ne defaultdéfaut87

En les martyrant88.

Du tetintéton89 les tire,

Du laictlait les retire

840Par vaine plaisance ;

Dont ilzils ont le ciel

Fluant laictlait et miel,

Terre d’abondance.

O cruel HerodesHérode,

845Tes façons et modes

Seront en memoiremémoire ;

La honte et dommage

Auras pour partage,

Et Dieu seul la gloire :

850Qui de ta malice

Se sert à justice,

Pour hors des lyensliens

De vie mortelle,

Par ta main cruelle

855Retirer les siens.


--- 307 ---
 

Tu es l’instrument

Duquel proprement

Dieu les siens chastiechâtie ;

Mais le cuydantcuidant90 faire

860Verras le contraire,

L’œuvre qu’as bastiebâtie.

Cruel animal,

Leur mort et leur mal

Pourchassé tu as ;

865Mais le tourment tien

Leur est vie et bien,

Et parfait soulas91.

Par les maux souffertzsoufferts

À Dieu sont offertzofferts

870Hosties plaisantes.

Par la mort vivront,

Et au ciel seront

EstoillesÉtoiles luisantes ;

Où sera preschéprêché

875Ton vilain pechépéché

Par tout l’univers.

Dieu par juste office

Punira ce vice

Par mort et par vers.

880ReprobationRéprobation

En damnation


--- 308 ---
 

Te mettra sans fin.

Royaume et honneur,

Te feront horreur,

885CongnoissantConnaissant leur fin ;

Mais ElectionÉlection,

En salvation

Les PetisPetits mettra.

Car en eux la gloire

890Du Dieu de victoire

TousioursToujours paroistraparaîtra ;

De son nom croistracroîtra

Sans fin la memoiremémoire.

DIEU.

Vous, mes espritzesprits, qui par mon mouvement

895EstesÊtes esmuzémus, et n’avez sentiment

Que de moymoi seul, tous unis en amour,

En moymoi, par moymoi, et pour moymoi seulement ;

Voyez là -bas les Innocents, comment

À mort sont mis par HerodeHérode en un jour :

900C’est pour mon FilzFils qu’il leur a fait ce tour ;

Pour luylui aussi les veux tant avancer,

Qu’avecques92 moymoi leur donraydonn'rai seursûr sejourséjour,

Et plus de bien qu’ilzils n’eussent sceusu penser.

De mon enfant, Agneau trespurtrès pur et mundemonde93

905Occis devant94 que j’eusse fait le monde,

Seront tesmoingstémoins, et premiers precurseursprécurseurs.


--- 309 ---
 

Voilà comment ce royroi vilain, immundeimmonde,

Qui à regnerrégner sa felicitéfélicité fonde,

Les fait du ciel eternelzéternels possesseurs,

910En doute il vit, et en la mort sont seurs95

D’estreêtre à jamais RoysRois d’un règneregne immuable :

Il rgnerègne ainsi que ses predecesseursprédécesseurs,

Pour après mort estreêtre fait serf du diable.

RegnantRégnant en terre, il reçoit tous mes biens ;

915Et mes EsluzÉlus, mort, tourment, et liens.

Ce jeu ne peultpeut durer qu’un peu de temps ;

Car quand les corps seront tourneztournés en fiens96,

Qui a cuydécuidé97 avoir, n’aura plus riensrien ;

Et son CuyderCuider98, d’honneur et passetemps

920Sera perdu ; dont des plus mal contenscontents

Tiendra le lieu en sa perdition :

De quoyquoi louengelouange et gloire j’en attensattends

De vous, voyant cestecette punition.

Aussi de voir mes EsluzÉlus et amysamis,

925Dont les corps sont pour mon FilzFils endormysendormis

Et mis à riensrien, tant que nul n’en fait compte,

AupresAuprès de moymoi en gloire et repos mis,

Comme je l’ayai à tous croyanscroyants promis,

Qui de la Croix de mon FilzFils n’auront honte,

930En eux par moymoi engravée et emprainteempreinte :

Car charité qui soymesmesoi-même surmonte,

Je recongnoisreconnais, qui ma justice domtedompte99 ;


--- 310 ---
 

Voyant de gracegrâce en eux l’image paintepeinte.

LE PREMIER ANGE.

Que dira lors HerodeHérode plein d’outrage,

935Après avoir joué son personnage,

Et acomplyaccompli -bas tout son désirdesir ?

Je croycrois, Seigneur, que plein d’ire et de rage,

DesesperéDésespéré, d’un angoisseux courage

Dira, voyant au lieu de tout plaisir

940Les Innocents, « OÔ malheureux désirdesir !

Voilà ceux -ausquelzauxquels j’ayai fait la guerre,

Qui ont le ciel ; car j’ayai voulu choisir

Enfer cruel, pour desirerdésirer la terre. »

LE II.IIe. ANGE.

Puis il dira, « Leur vie j’estimoisestimais

945Sans nul honneur, de l’honneur que j’aymoisaimais :

Voire et100 leur mort honteuse et trestrès vilaine

Densdans leurs langeons101, et drappeauxdrapeaux102. et Simois103,

DessoubsDessous deux ans, d’un an, d’un jour d’un mois,

Blancs, noirs et blonds ont passé par la peine

950Du glaive. HelàsHélas ! voicyvoici qu’en la hautaine

Cité de Dieu en gloire souveraine

Les voyvois logezlogés, et nombreznombrés entre tous

Les filzfils de Dieu ; et ma vie inhumaine

Me met au rengrang des plus malheureux foulsfous. »

LE III.IIIe. ANGE.

955Ainsi soit fait, Seigneur, de ses semblables,


--- 311 ---
 

Qui ont commis cas sysi abominables,

Que de vouloir ton nom aneantiranéantir,

PersecutantPersécutant tes serviteurs amablesaimables,

Leur empeschantempêchant tes promesses louables

960Faire à chacun et ouyrouïr et sentir ;

Les contraingnantcontraignant de parler et mentir

Pour leur proufitprofit, honneur, et avantage.

OÔ ToutpuissantTout-puissant, vueilleveuille toytoi consentir

De mettre à riensrien ce serpentin lignage.

LE IIII.IVe. ANGE.

965GracesGrâces je rensrends à ta douceur

Et sans fin louëloue ta justice, ?

Qui punit d’HerodesHérode le vice,

Et met tes EsluzÉlus en lieu seur104.

LE PREMIER ANGE.

Gloire à jamais te soit donnée,

970Qui le Petit en haulthaut eslieveélève,

Et le Grand metzmets en peine griefvegreve105

Par Charité bien ordonnée.

LE II.IIe. ANGE.

Honneur soit à toytoi qui eslisélis

Ceux que le monde à bas repreuveréprouve ;

975Et ceux que tant à son gré treuvetrouve

Sont hors de ton livre abolis.

LE III.IIIe. ANGE.

LouengeLouange soit continuelle


--- 312 ---
 

De toytoi qui par dilection

Fais valoir ton ElectionÉlection,

980Sauvant ceux qui ont FoyFoi en elle.

LE IIII.IVe. ANGE.

Jamais en nul cœur ne s’appaiseapaise

L’amour, qui le fait contenter ;

Et de ta louengelouange chanter

Nulle bouche aussi ne se taise.

DIEV.

985Mes bienheureux, cyci -dessoubdessous cestcet autel,

VozVos justes cryscris me demandedemandent vengeance

De vostrevotre sang ; pourceparce qu’en corps mortel

FeutFut respandurépandu en grande diligence.

Âmes des corps morts, en grande indigence

990Pour le seul nom de mon bien améaimé Christ,

De ma responceréponse ayez intelligence,

Par qui sçaurezsaurez ce que j’ayai en l’Esprit.

EncorEncore un peu il vous convient attendre

De vozvos freresfrères le nombre tout entier ;

995Le Corps du Christ veux tirer membre à membre,

L’un après l’autre, ainsi qu’il est mestiermétier106 :

Et vous verrez à l’heure chastierchâtier

Tous vozvos tyrans, voire107 cruellement.

Lors un chacun congnoistraconnaîtra que fier

1000Se faultfaut en moymoi, ou avoir damnement108.

LES ÂMES DES INNOCENTS

, chantanschantant sur le chant, « Si j’aymeaime mon amyami ».

O Dieu perepère de tous


--- 313 ---
 

MisericorsMiséricord109 et doux,

Nous te rendons louengeslouanges ;

Qui nous as retirezretirés

1005Du monde, et attirezatirés

Au rengrang des benoistzbenoîts Anges.

 

Le feu cruel et fort,

Et l’eau pire que mort,

Comme bon PerePère et MaistreMaître.

1010Tu nous as fait passer ;

Puis nous viens embrasser

De ta benignebénigne dextre110.

 

TirezTirés par tes forts bras

Du martyre nous as

1015Au lieu de refrigereréfrigère,

Où tout plaisir avons ;

Dont louer te devons :

L’esprit le nous suggeresuggère.

 

Le bien qu’avons receureçu

1020Par toytoi, sans nostrenotre sceusu,

N’est de nostrenotre meritemérite.

Par ta bonté, sans plus,

De toytoi sommes EsluzÉlus ;

C’est gracegrâce non petite.

 

1025Pas ne sçavionssavions parler,

NeNi fuyrfuir neni aller :

Et n’avions en courage


--- 314 ---
 

ScavoirSavoir neni bien neni mal

Non plus qu’un animal,

1030Sans raison neni langage.

 

Et toutesfoistoutefois damnezdamnés

Pour estreêtre d’Adam neznés,

EstionsÉtions comme enfansenfants d’ire :

Mais tu nous as sauvezsauvés,

1035Et en sang tous lavezlavés

Par un soudain martyre.

 

SySi n’est ce nostrenotre sang

Qui nous rend chacun blanc

Nettoyant noznos estollesétoles :

1040C’est le sang de l’Agneau

Qui rend l’homme nouveau,

S’il croit en ses paroles.

 

Mais nous ne croyanscroyant rien

Avons receureçu ce bien

1045Par liberalelibérale gracegrâce :

Dont ton ElectionÉlection

Fait distribution ;

ParquoyPar quoi voyons ta face.

 

CuyderCuider111 menteur et faux,

1050La cause de tous maux,

En nous n’avoitavait entrée :

Et où CuyderCuider112 n’haa lieu,

VeritéVérité, qui est Dieu,


--- 315 ---
 

Par la grâce est monstréemontrée.

 

1055Quand Dieu fera vuydervider

Des siens tout le CuyderCuider113,

Dieu congnoistrontconnaîtront seul EstreÊtre :

Plus ilzils ne se verront,

Mais Dieu seul, qu’ilzils croiront

1060Leur PerePère, amyami, et maistremaître.

 

Tout sera acomplyaccompli,

Chacun de Dieu remplyrempli

Quand viendra la bonne heure

Qu’il sera tout en tous ;

1065Et l’EspouseÉpouse et l’EspouxÉpoux

En un feront demeure.

 

Ce tresgrandtrès grand bien sentons

Dont sans cesser chantons

Saint, Saint, Dieu de victoire ;

1070À toytoi soit tout honneur,

OÔ liberallibéral donneur,

Toute louengelouange et gloire.

 

Chantons Noël, Noël,

Pour le salut nouvel,

1075Qu’un chacun le recorde114

Qu’à nous Innocents fait

Le Seigneur tout parfait

Par sa misericordemiséricorde.

F I N .

[1] Pensant.
[2] trompé.
[3] avec révérence.
[4] méchanceté, caractère mauvais.
[5] La version originale compte une syllabe de trop : il faut donc lire grand.
[6] te illisible.
[7] sortant.
[8] réjouir.
[9] Celui.
[10] contraire de l’innocence, culpabilité.
[11] a illisible.
[12] torturé, martyrisé, rendu martyre.
[13] donnant.
[14] Nous maintenons cette forme nécessaire à la rime.
[15] Nous maintenons cette forme pour le compte syllabique.
[16] cherchera.
[17] (voir : aller à la rescousse).
[18] Nous maintenons cette graphie nécessaire à la rime.
[19] souffrance, difficultés.
[20] Sortis.
[21] malades.
[22] nous pèse.
[23] celui.
[24] colère.
[25] cesser.
[26] tous.
[27] donne.
[28] vivant.
[29] attentif.
[30] À rien d’autre qu’à vous obéir.
[31] Fuir. Nous laissons cette forme nécessaire à la rime.
[32] fardeau, poids.
[33] cacher.
[34] cruauté.
[35] alentours.
[36] Manqueront de mâles.
[37] Donneur.
[38] Personne.
[39] je rappelle, je me souviens.
[40] synonyme de sale, vile.
[41] ses enfants, ceux qu’elle a générés, engendrés.
[42] Cet amour.
[43] fardeaux.
[44] celui qui a tout fait.
[45] nourriture.
[46] n’enlève.
[47] Donnez.
[48] Donnez.
[49] tuer.
[50] Donnez.
[51] meure.
[52] Faut-il lire « moins » ?
[53] Le sujet est l’épée.
[54] Le fait passer du sein maternel au tombeau.
[55] très vite.
[56] que j’entende.
[57] fuir. Nous maintenons la forme pour la rime.
[58] Sauf à.
[59] entendîtes.
[60] plaintes.
[61] travaillé.
[62] difficulté.
[63] repos. Nous conservons la forme pour la rime.
[64] tirer.
[65] fait en sorte.
[66] besoin.
[67] Nous maintenons cette forme pour la rime.
[68] souffrir.
[69] impure.
[70] Nous maintenons cette forme nécessaire au compte syllabique.
[71] Personne.
[72] propice, favorable.
[73] Prononcer vi-e.
[74] soulagement.
[75] filets, lacets.
[76] la raison.
[77] meurtre.
[78] malades.
[79] entendre.
[80] Nous maintenons cette forme pour la rime.
[81] Nous modernisons puisque le -f- est déjà présent dans la version d’origine, mais il vaut mieux ne pas prononcer le -f- final pour la rime.
[82] Nous maintenons la forme : il faut bien prononcer a-ï-de pour que le vers soit juste.
[83] pensait.
[84] retirer.
[85] martyrisée.
[86] Verbe substantivé : une croyance, une opinion.
[87] Où rien ne fait défaut.
[88] martyrisant.
[89] sein maternel.
[90] pensant.
[91] soulagement.
[92] Nous maintenons cette forme pour le compte syllabique.
[93] pur, non souillé (le contraire d’immonde.
[94] avant.
[95] Nous maintenons cette forme pour la rime (comprendre « sûrs »).
[96] fumier.
[97] pensé.
[98] penser (verbe substantivé).
[99] Nous modernisons même si cela fait perdre la rime visuelle.
[100] Et même.
[101] langes.
[102] draps.
[103] cordons.
[104] Nous maintenons cette forme nécessaire à la rime (comprendre : « sûr »).
[105] sévère, difficile.
[106] nécessaire.
[107] et même.
[108] Qu’il faut ou bien avoir foi en moi, ou bien être puni.
[109] Miséricordieux.
[110] main droite.
[111] Penser (verbe substantivé).
[112] Penser (verbe substantivé).
[113] Penser (verbe substantivé).
[114] le rappelle.