Adam fier des couilles (Anonyme, 1515)
Adam et sa femme Male Patience se querellent : qui des femmes ou des hommes a la partie la plus difficile du couple ? Le ton monte, les coups fusent, jusqu'à ce qu'intervienne Enguerrand, voisin curieux et vigilant. Cette farce anonyme imprimée en 1515 à Paris pose donc des questions qui ne sont pas si éloignées de nos problématiques actuelles (la charge mentale, les rapports de force voire de domination dans le couple), mais représente, à la façon de l'époque, les violences conjugales de manière plutôt humoristique.
Le Mallade de Marguerite de Navarre (1535)
Un homme se plaint à sa femme d'être malade : elle veut lui donner un remède mais son mari préfère voir un médecin, elle va donc le chercher malgré ses réticences. Pendant ce temps, la chambrière propose au malade un autre discours : c'est en ayant confiance et foi en Dieu que le malade guérira. Il se sent mieux et va se reposer. La femme revient avec le médecin et lui décrit ses douleurs. On réveille le malade, le médecin prélève de l'urine, l'examine, puis va rédiger l'ordonnance, accompagné de la femme. Pendant ce temps, la chambrière reprend son discours de foi, que le malade accepte, et il se sent immédiatement guérir. Lorsque le médecin revient, il ne comprend pas la guérison et pense que la chambrière lui a administré un remède. Il part avec l'argent, et le malade est converti.
Comédie des Quatre Femmes de Marguerite de Navarre (rep. 1542, imp. 1547)
Deux filles et deux femmes se rencontrent : vaut-il mieux être mariée ou non ? Le débat s’enlise, une Vieille arrive et prophétise à chaque femme son destin... un vieillard entend également leur faire entendre raison, mais quatre hommes arrivent pour faire danser les dames. Dans cette comédie profane, Marguerite met en scène les différents débats menés dans le cadre de la querelle des femmes pour réfléchir au statut des femmes et à la place qui leur est réservée dans le mariage et dans les rapports amoureux.
Cléopâtre captive de Étienne Jodelle (rep. 1553, imp. 1574)
Cette pièce, représentée à la fois devant le roi et au collège de Boncourt en 1553, ouvre l'histoire de la tragédie à l'antique en France, et en constitue pour beaucoup l'acte de naissance officiel. S'il existe des prédécesseurs, Jodelle propose en effet ici la première tragédie à l'antique, en langue française, et à sujet original, puisqu'il choisit un épisode de l'histoire qui n'avait pas encore été représenté au théâtre : la mort de Cléopâtre.
Médée de La Péruse (imp. ca 1555)
S’inspirant à la fois d’Euripide et de Sénèque, Jean Bastier de La Péruse (1529-1554) compose la première tragédie française consacrée au mythe de Médée, qui est imprimée de façon posthume en 1555 après la mort précoce de l’auteur. Dans cette pièce, le public observe les effets mortifères de la jalousie, qui conduisent Médée à assassiner le roi et sa fille, mais aussi ses propres enfants, sous les yeux de leur père, Jason, et du public.
La Soltane de Gabriel Bounin (imp. 1561)
Imprimée en 1561 chez Guillaume Morel, la tragédie La Soltane de Gabriel Bounin est la première tragédie à sujet oriental imprimée en France. Elle met en scène un événement historique qui a eu lieu quelques années auparavant : le sultan Soliman fait assassiner son fils Mustapha, parce que Rose (Roxane), la favorite du Sultan, souhaite placer ses propres fils dans la ligne de succession et accuse donc faussement Mustapha de fomenter une conspiration contre son père.
La Tragédie du sac de Cabrières (Anonyme, ca 1566-1568)
Cette tragédie anonyme et restée manuscrite daterait des années 1566-1568. Elle met en scène, depuis un point de vue protestant, le massacre de civils qui a eu lieu en 1545 à Cabrières d’Avignon : assiégés par les Catholiques, les Vaudois sont victimes d’une ruse de ces derniers prétendant vouloir marquer une trêve, ils ouvrent les portes de la ville et sont alors massacrés.
Panthée de Caye Jules Guersens (imp. 1571)
Dans cette tragédie « mise en ordre » par Caye Jules de Guersens, dont le sujet lui aurait été donné par Madeleine Neveu, le dramaturge se concentre sur un épisode de l’histoire de Cyrus, celui au cours de laquelle Panthée, courtisée par plusieurs hommes qui veulent la sauver de sa condition de captive, reste fidèle à son époux, jusque dans la mort.
Didon se sacrifiant de Étienne Jodelle (imp. 1574)
Dans cette deuxième tragédie imprimée en 1574, Etienne Jodelle choisit de relire l'histoire racontée par l'Enéide (notamment le livre IV, lorsqu'Enée est à Carthage), mais du point de vue de Didon - tout comme il avait donné voix à Cléopâtre dans sa première tragédie. Ici, le public observe une Didon tour à tour plaintive et furieuse, face à un Enée qui l'abandonne pour suivre son destin.
Les Escoliers de François Perrin (imp. 1586)
Cette comédie, qui propose une représentation assez singulière du monde étudiant du XVIe siècle, met en scène les destins croisés de Corbon, étudiant pauvre qui clame son amour pour les lettres et veut s’y consacrer entièrement, et de Sobrin, étudiant aisé qui ne veut se consacrer qu’à son amour pour Grassette, laquelle, bien sûr, aime Corbon…
Clytemnestre de Pierre Matthieu (imp. 1589)
Dans cette tragédie qu’il décrit comme une œuvre de jeunesse, Pierre Matthieu réécrit l’Agamemnon de Sénèque au prisme d’autres textes contemporains, notamment Hippolyte de Garnier, pour mettre en scène les effets délétères des passions sur le pouvoir en place. Ici, Agamemnon est tué par Egisthe, l’amant de sa femme Clytemnestre, et Matthieu redessine les contours de ce régicide.

Le Mistere de Sainct Etienne de Nicolas Loupvent (rep. 1548, manuscrit)
En cours d’édition par Mario Longtin et Clément Saliou
Ce mystère retrace l’histoire de Saint Étienne, patron de Saint-Mihiel (où la pièce a été écrite et représentée), depuis son élection en tant que Pape jusqu’à son martyr par l’Empereur romain.

Eugène d’Étienne Jodelle (rep. 1553 – imp. 1574)
En cours d’édition par Jérémy Sagnier
Première comédie originale en langue française, jouée devant le roi en 1553 avec sa consoeur tragique, Cleopatre captive, Eugène met en scène les tribulations d’un abbé, Eugène, amoureux d’Alix, une femme mariée qui n’entend rester fidèle ni à son mari, ni à son amant. Le retour de la guerre Florimond, ancien amant d’Alix, dont Hélène, sœur de l’abbé, est amoureuse, oblige toute la communauté à revoir ses petits arrangements.

Lucrece de Nicolas Filleul (imp. 1566)
Mémoire-édition en cours par Pascal Macquet (Université de Lorraine)
Dans cette tragédie représentée devant Catherine de Médicis et Charles IX et imprimée en 1566, Nicolas Filleul met en scène le viol de Lucrèce et ses conséquences, sur la jeune femme et sur le pouvoir.

Holoferne d’Adrien d’Amboise (1580)
Mémoire-édition en cours par Lucile Boissonneau (Université Paris-Sorbonne)
Dans cette tragédie à sujet biblique imprimée en 1580, Adrien d’Amboise met en scène la révolte de Judith contre le tyran Holoferne.
